Partenariat pour une prise en charge efficace des PVVIH : La CLP atteint la maturité, APTAA se retire
Pendant dix-sept années, l’Association pour le Partage des Traitements Anti Sida avec l’Afrique (APTAA), s’est engagée aux côtés de la Clinique Louis Pasteur au Bénin, pour sauver une partie de l’Afrique qui meurt du Sida. Dans cette entreprise à laquelle elle a donné l’impulsion, l’histoire retient qu’APTAA a été pionnière en finançant l‘achat des antirétroviraux, aujourd’hui fournis par le Fonds Mondial. La particularité ici est qu’APTAA ne s’est pas contentée de donner du poisson, elle a appris à pêcher. Du coup, la Clinique Louis Pasteur qu’elle a porté sous ses ailes depuis 2001, est arrivée à un niveau de croissance qui lui permet depuis quelques années de voler en toute autonomie, avec une expertise qui lui permet d’apprendre à d’autres structures à prendre leur envol.
Sans nul doute, il s’agit d’un partenariat fructueux et concluant dont la clôture est intervenue le lundi 26 Février 2016, dans la grande salle de réunion de la Clinique Louis Pasteur, en présence, des Administrateurs de APTAA, de la Directrice Pays de l’ONUSIDA, des Autorités chargées des questions de santé au niveau national et départemental, des membres de l’équipe dirigeante de la Clinique, de son personnel et des invités.
L’Association pour le Partage des Traitements Antisida avec l’Afrique (APTAA), qui appuie de façon stratégique la Clinique Louis (CLP) depuis l’année 2001, vient de décider de se mettre en hibernation.
La raison de cette décision tient à un fait fort heureux ; le partenariat APTAA-CLP a atteint son objectif. Le transfert de compétences est réussi dans toutes ses dimensions, avec la réalisation d’un modèle fonctionnel et performant.
On comprend pourquoi, aux antipodes de ce qui se passe sous nos cieux, la cérémonie solennelle de clôture de ce partenariat, loin d’être une oraison funèbre, comme l’a clarifié le Directeur Général de la Clinique Louis Pasteur, Dr Lucien DOSSOU-GBETE, a plutôt pris les allures et couleurs d’un festin.
Il s’agit en effet pour lui, de célébrer dans la joie, la grandeur de l’humanité que chacun de nous doit réveiller et faire vivre en soi au quotidien, au service des patients.
La croix précède la gloire
Les patients, qu’ils soient enfants, adolescents, jeunes, adultes sont manifestement reconnaissants à l’égard de la CLP et d’APTAA pour ce partenariat qui leur a sauvé la vie. Par la voix, de leurs représentants, Raïmath et Serge, ils ont osé le dire de façon intelligible.
A vrai dire, ce partenariat ne se serait pas concrétisé pour s’avérer concluant in fine, si Dr Lucien DOSSOU-GBETE et les administrateurs d’APTAA n’avaient pas été persévérants, voire téméraires, pour braver les obstacles humains, relevant du sectarisme d’esprit qui étaient érigés, au niveau institutionnel le plus élevé. Et le Directeur du laboratoire de la Clinique, Dr Joseph AMOUSSOU, de rappeler un peu exaspéré, les propos d’un Coordonnateur du Programme national de lutte contre le Sida de l’époque : « tant que je serai coordonnateur, le privé ne sera jamais dans la prise en charge ».
A l’opposé de ce dernier, la Vice-présidente d’APTAA, Docteur BETTINGER, n’a pas voué aux gémonies, le laboratoire qui logeait dans une petite pièce aux fenêtres ouvertes à tous vents. Elle a été perspicace et avec elle toute l’équipe d’APTAA, pour lui apporter les appuis nécessaires.
C’est avec une joie débordante, qu’elle a exprimé sa satisfaction de voir la clinique s’agrandir entraînant avec elle le laboratoire. La clôture du partenariat pour la Vice-présidente d’APTAA est juste la fin d’une aventure ; mais l’engagement et l’amitié demeurent.
Prenant la parole le Professeur Bruno Hoen, Président de l’Association a rappelé les termes de l’engagement de départ, qui se résume en une opération de financement du traitement de 30 patients par an, pendant trois ans. Cette prise en charge inclut : la biologie, le prise en charge médicale, l’éducation thérapeutique, le soutien technique. Les résultats probants enregistrés année après année, ont motivé APTAA à quintupler la durée de vie initiale du partenariat, qui quoique forclos, n’enlève rien à la disponibilité du Professeur Hoen, qui l’a d’ailleurs affirmé, tout en invitant les acteurs internes de la clinique, à conserver la foi et l’énergie pour continuer l’œuvre.
Vers un nouveau départ peut-être !
Pour la Directrice de l’Onusida au Bénin, Mme Margaret MOLNAR, il n’est pas question de mettre fin à ce partenariat ; il doit reprendre de plus bel. Elle argumente : l’appui financier qu’APTAA a apporté à la clinique Louis Pasteur en dix ans, représente la millième partie, de ce que le Fonds Mondial apporte au Bénin. Mais les résultats sont incomparables. La Représentante Pays ne conçoit donc pas, une politique efficace de lutte contre le SIDA, qui exclut le secteur privé de la santé. Un plaidoyer pour le PPP ? C’est heureux ! Le Directeur départemental de la santé de l’Ouémé, Dr Simplice Tokpo, présent à cette cérémonie, n’a pas caché son admiration et sa satisfaction de savoir qu’à l’intérieur de son département de compétence territoriale, il existe une structure de référence, animée par des acteurs ayant une expertise avérée sur une question de santé publique aussi préoccupante que celle du sida. Son vœu le plus cher est de voir mettre en place, un mécanisme, qui permet le partage d’expériences et le coaching des autres acteurs du département impliqués dans la mise en œuvre de la politique VIH.
Hommages au présent… de lourdes responsabilités pour le futur
Les propos du Directeur départemental seront renchéris par la Représentante du Chef de l’Etat, auprès du Comité national de lutte contre le sida, la tuberculose, le paludisme, les hépatites et les épidémies, le Dr Valentine KIKI MEDEGAN. Elle se fera l’apôtre de l’engagement et de l’implication de la clinique Louis Pasteur dans toutes les politiques sanitaires nationales qui induisent la gratuité, donc le renoncement au gain. Haut de ses expériences nombreuses et variées, couronnées de responsabilités à des niveaux élevés au sein du système de santé, elle proclame que la clinique Louis Pasteur reste la seule formation sanitaire privée qui accompagne le ministère de la santé dans ses programmes à caractère purement social. Un tel engagement méritant d’être su par les hautes autorités, elle promet fermement en faire un rapport au Président de la République.
Habité par l’humanité du bon samaritain, le Dr Lucien DOSSOU-GBETE, a créé autour de lui, un réseau d’acteurs à qui il a montré le chemin. Ces derniers qui sont aussi devenus matures expriment leurs reconnaissances à la Clinique Louis Pasteur, qui déjà sur orbite, parie de rester sur la trajectoire, tout en élargissant son panel de services et en s’appuyant sur les leçons apprises avec APTAA.
Avant la communication inaugurale qui a porté sur les résultats d’études cliniques menées en Afrique Subsaharienne, la cérémonie de clôture du partenariat, a démarré par un déjeuner offert aux Responsable d’APTAA, qui, en outre ont reçu des présents symboliques, mais en ont également donnés.
Article écrit le 4 Mars 2018 par Habib M. OUITONA